16.7.11

L'insoutenable légèreté de l'être - Milan Kundera [2e lecture]

"L'éternel retour est une idée mystérieuse et, avec elle, Nietzsche a mis bien des philosophes dans l'embarras : penser qu'un jour tout se répètera comme nous l'avons déjà vécu et que même cette répétition se répètera encore indéfiniment ! Que veut dire ce mythe loufoque?"

Un très bon roman, où l'on trouve de l'amour, du sexe, des considérations historiques et philosophiques, un chien et un cochon (sur la fin).

Ce roman est une illustration. Kundera y développe ses réflexions sur la gravité et la légèreté de l'existence à travers les vies de quatre personnages. La plus grande partie de l'intrigue se déroule en république tchèque, alors envahie par l'armée rouge.

Tomas et Tereza s'aiment, mais ce sera un problème pour eux toute leur vie. Tomas est incurablement infidèle, Tereza ne le supportera jamais. Il n'aime qu'elle, mais ne peux s’empêcher de multiplier les aventures. Ce qui provoque chez elle des rêves morbides, une angoisse lourde et permanente.

"Elle éprouvait un insurmontable désir de tomber. Elle vivait dans un continuel vertige. Celui qui tombe dis "relève-moi!" Patiemment, Tomas la relevait." p81

Sabina est une des maîtresses de Tomas. Artiste peintre, sa vie n'est qu'une longue série de fuites. Elle a fuit son village pour peindre, a fuit son pays, ses parents, ses amis. Kundera développe avec elle un personnage fasciné par la trahison.
"Sabina entait le vide autour d'elle. Et si ce vide était le but de toute ses trahisons?" p156

Franz est un des amants de Sabina, jusqu'à ce qu'elle parte pour la France, l'abandonnant comme tous les autres. Franz est idéaliste, et restera fidèle en esprit à sa maîtresse. Obsédé par la vérité, il est le naïf du roman. Dans le dialogue suivant, il parle à sa femme.
"Franz la regarda longuement, puis il dit: "Il n'y a pas de conférence à Rome."
Elle ne comprenait pas : "Alors, pourquoi y vas-tu?"
Il répliqua : "J'ai une maîtresse depuis neuf mois. Je ne veux pas la voir à Genève. C'est pour ça que je voyage tellement. J'ai pensé qu'il valait mieux te prévenir." " p146

Ce roman parle d'amour, mais également d'Histoire. La République Tchèque envahie par les Russes, la police secrète, l'oppression du peuple par ses dirigeants sont plus qu'une toile de fond. Un autre sujet.

Le style de Kundera est maîtrisé, l'intrigue habilement déstructurée. On ressort de cette lecture avec des sentiments mêlés, désespoir et beauté, grandeur des sentiments, bassesse des corps.

L'insoutenable légèreté de l'être, Milan Kundera, 1984, Gallimard

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