13.10.10

La méthode Schopenhauer - Irvin D. Yalom

"A chaque gorgée d'air que nous rejetons, c'est la mort qui allait nous pénétrer, et que nous chassons..."

Un roman prenant, sur le thème de la psychothérapie de groupe, et une biographie de Schopenhauer. Très bien fait, intéressant et accrocheur.

L'intrigue est organisée dans un groupe de huit personnes, thérapeute compris. Tout est conversations, l'intérêt se trouve dans le côté extrêmement direct de ces échanges. Comme parler à son psy, mais à huit.

"Et j'ai été assez conne pour me laisser manipuler et me retrouver à poil sur la canapé de son bureau. J'étais une petite vierge de dix-huit ans, lui était plutôt branché sur la baise pure et dure." p244

Élément marquant, dès les premières pages Julius, le psy, apprend qu'il ne lui reste plus qu'une année à vivre. Mélanome. Encore plus de tension et d'intensité dans les échanges.

Et puis il y a Schopenhauer. Connard égocentrique mégalomane misogyne ultime, avec option mépris de l'humanité dans son ensemble. Mais aussi une plume merveilleuse, des idées fortes et au final, presque de bonnes intentions.

La vie du philosophe allemand est parcourue intégralement, et les citations sont régulières. Attention, pessimisme.

"La sérénité et le courage que l'on apporte à vivre pendant la jeunesse tiennent aussi en partie à ce que, gravissant la colline, nous ne voyons pas la mort, située au pied de l'autre versant." p235

La force de son discours est ailleurs: il estime qu'on ne peut viver que pour soi, qu'il faut se satisfaire de ce qu'on est pour être heureux (facile quand on est mégalomane et égocentrique comme lui, certes).

"La fleur répondit: "Malheureux! Crois-tu que je m'ouvre à la seule fin d'être vue? Je m'ouvre pour moi, parce que cela me plaît, et non pour les autres. Exister et m'ouvrir: voila ma joie"" p213

Si un philosophe s'incruste dans ce roman, c'est qu'un des personnages, Philip, ex-obsédé sexuel sévère, a réussi à guérir grâce à Schopenhauer et son oeuvre. "Ma personnalité me suffit, je n'ai pas besoin des autres, ni de leurs conversations ni de leurs culs". Philip est au centre du roman, handicapé relationnel que les autres membres du groupe cherchent à comprendre, quand lui ne s'intéresse qu'à Schopenhauer.

Une vraie réussite, avec assez de tension pour vous maintenir accroché jusqu'au bout.

La méthode Schopenhauer, Irvin D. Yalom, Points, 2005

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