8.7.14

Madame Bovary - Gustave Flaubert

"Nous étions à l'étude, quand le Proviseur entra, suivi d'un nouveau habillé en bourgeois et d'un garçon de classe qui portait un grand pupitre."
J'ai lu Madame Bovary parce que John Irving considère ce roman comme le meilleur jamais écrit. En général je suis confiant en attaquant un classique, je ne pense pas qu'on entre dans l'histoire par hasard. Flaubert a encore confirmé cette idée : Madame Bovary est un chef d'oeuvre, c'est une évidence. Ici on parle d'amour, avec une force, une ampleur impressionnante.

Emma Bovary. On commence par la détester, et on finit par avoir pitié d'elle. Son côté pimbêche insatisfaite est totalement insupportable, mais à la longue, on finit par la comprendre. Et par avoir peur de lui ressembler.
"Elle n'était pas heureuse, ne l'avait jamais été. D'où venait donc cette insuffisance de la vie, cette pourriture instantanée des choses où elle s'appuyait? Mais, s'il y avait quelque part un être fort et beau, une nature valeureuse, pleine à la fois d'exaltation et de raffinements, un cœur de poète sous une forme d'ange, lyre au cordes d'airain, sonnant vers le ciel des épithalames élégiaques, pourquoi, par hasard, ne le trouverait elle pas ?" p421
C'est donc l'histoire d'Emma Bovary, insatisfaite chronique, éternelle adolescente, de ses histoires d'amour foireuses et de son malheur que quelque part elle mérite bien.
"L'amour, croyait elle, devait arriver tout à coup, avec de grands éclats et des fulgurations, ouragan des cieux qui tombe sur la vie, la bouleverse, arrache les volontés comme des feuilles et emporte à l'abime le cœur entier." p187 
Elle voit trop grand, elle veux trop. Et malgré toutes les merdes qui peuvent lui arriver, elle y croit toujours. Pour moi, Emma représente quelque chose d'important dans l'esprit français. Nous valons mieux que ce qui nous arrive, aucun doute là dessus.
"Tout bourgeois, dans l'échauffement de sa jeunesse, ne fut-ce qu'un jour, une minute, s'est cru capable d'immenses passions, de hautes entreprises. Le plus médiocre libertin a rêvé des sultanes; chaque notaire porte en lui les débris d'un poète." p428
Ce personnage est tellement caractéristique qu'une expression est née : le Bovarisme. Je ne peux m’empêcher de me sentir concerné, moi aussi j'ai beaucoup lu et je cherche toujours à avoir plus que ce que j'ai.

Il ne faut pas lire ce roman trop jeune. Je pense qu'il faut un minimum de vécu pour en profiter pleinement. Par exemple, Madame Bovary contient la lettre de rupture la plus lâche et la plus banale possible. A 30 ans, cela rappelle forcément un souvenir un peu sale, bourreau ou victime on a forcément vécu ce genre de moment. A 15 ans, ça ne m'aurait rien évoqué, je n'aurais même pas remarqué ce passage.
"Je serai loin quand vous lirez ces tristes lignes ; car j'ai voulu m'enfuir au plus vite afin d'éviter la tentation de vous revoir. Pas de faiblesse ! Je reviendrai ; et peut-être que, plus tard, nous causerons ensemble très froidement de nos anciennes amours. Adieu !" p316
Si vous ne l'avez pas lu, petit avertissement : le premier tiers est clairement ennuyeux. Beaucoup de lecteurs ont dû s'arrêter là. Plus tard, il devient évident que le début de la vie d'Emma, chiant à mourir, est le contexte indispensable pour la suite. C'est chiant, mais c'est volontaire.
"La conversation de Charles était plate comme un trottoir de rue, et les idées de tout le monde y défilaient dans leur costume ordinaire, sans exciter d'émotion, de rire ou de rêverie." p106
J'ai été marqué par Madame Bovary. Le piège d'une vie rêvée. J'ai aimé le lire, j'ai dévoré la deuxième moitié, et mes réflexions personnelles ont profité de ce moment. Je le relirai un jour, et je pourrais mesurer le chemin parcouru.
"Elle était l'amoureuse de tous les romans, l’héroïne de tous les drames,  le vague elle de tous les volumes de vers." p397
Madame Bovary, Gustave Flaubert, 1857

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire