13.5.10

La Horde du Contrevent - Alain Damasio

"A l'origine fut la vitesse, le pur mouvement furtif, le vent foudre."


Un chef d'oeuvre. Un plaisir de lecture incroyable. 700 pages lues en 36 heures.

Dans un monde tout en longueur, le vent souffle toujours dans le même sens. Dans la société qui y vit existe une élite. Un groupe de 22 personnes sélectionnées et formées depuis leur enfance dans un seul but: remonter le vent. A pied. Pour découvrir l'origine du vent et chercher un moyen de le comprendre, de le contrôler. Au début du roman, ils marchent depuis 15 ans.

Ce roman parle de motivation. D'idéalisme. Cela valait-il la peine de consacrer toute notre vie à ça? Autre sujet fort: le groupe. Ils ont grandit ensemble et la pire chose qui puisse leur arriver, c'est de se séparer.

"J'ai besoin de cette énergie fluante du groupe, de sentir les tensions et les fusions qui nous traversent, chacun et tous. J'ai besoin de me sentir noué dans la pelote de nos fils." p 610


Damasio s'est permis plusieurs extravagances formelles, qui auraient pu gêner s'il ne maîtrisait pas parfaitement sa démarche. Les pages sont numérotées à l'envers, ce qui fait incroyablement monter la pression à la fin de l'histoire ("Comment vont-ils pouvoir survivre encore 30 pages?").

Le plus marquant, c'est qu'il y a 22 narrateurs. Chaque membre de la Horde possède un symbole, la plupart des paragraphes commencent par un de ces symboles, qui indiquent le narrateur de ce qui suit. Déroutant au début, on y prend très vite goût. 22 personnalités, 22 styles d'expression. Cela permet à Damasio de construire un récit très rythmé.

Ce livre regorge de trouvailles, inutile d'en donner plus ici. Imaginez que parmi les membres de la Horde, on trouve un scribe capable d'écrire le vent.

Bref, un bonheur.

J'ai lu ce roman au meilleur moment possible. Dans une période de chômage, de déception amoureuse, un moment creux. En sortant de ce livre je n'avais qu'une envie: baisser la tête et avancer.

" Le vif, c'est ce qui t'a fait, c'est l'étoffe dont sont tissées tes chairs, Caracole. C'est la différence pure. L'irruption. La frasque. Quand le vif jaillit, quelque chose, enfin, se passe - " p 543


C'est en parlant de ce livre que j'ai voulu créer ce blog. Trois personnes l'ont lu d'après mes conseils, j'ai trouvé ça sympa. Envie de recommencer.


La Horde du Contrevent, Alain Damasio, 2004, Folio SF

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